L’éducation au foyer, source des VSBGs


 
Catégoriser les travaux ménagers, réserver certaines tâches pour les uns et d’autres pour les autres ne sont plus l’avis de certains jeunes. Témoignages des jeunes de la commune Bukemba.



 Claudine Tuyisenge : «Je ne voyais pas en quoi
certains travaux étaient masculins ! »

C'est vers 15 heures que nous avons trouvé Claudine Tuyisenge, une jeune fille de 18 ans en train de réparer la clôture du domaine familial. Cette tâche est traditionnellement réservée aux garçons.

Une fille qui s’adonnait à ce genre de travaux ou qui osait mettre la toiture à une maison était considérée comme un porte-malheur, une malédiction pour sa famille ainsi que pour sa progéniture. «Je ne vois pourquoi je ne ferais pas cela. Cette tâche ne doit pas attendre mon père ou mon frère pour être faite.»


Avant, explique-t-elle, au vu de mon éducation, je ne pouvais pas le faire. «C’est la tradition, elle doit être respectée ainsi, disaient nos aînés. Mais personnellement, je ne comprenais pas, je ne voyais pas en quoi ces travaux étaient réservés aux garçons! Il ne faut pas qu’on me colle le qualificatif d’incompétente, quand j’ai deux bras et de la force !»

Selon cette jeune fille, c’est après avoir participé dans la formation organisée par l’APFB sur les violences sexuelles et basés au genre qu’elle a constaté qu’il y avait ceux qui partageaient ses points de vue.

«La répartition des tâches ménagères dans l’éducation burundaise favorise le garçon et pas la fille et c’est la source des VSBGs. Je me suis mise à effectuer des travaux censés être accomplis par mon frère comme construire l’enclos sans aucun complexe », raconte Tuyisenge.



Aloys : «Quand mes parents m’ont vu pour
la première fois faire de la cuisine,
ils étaient surpris»


C’est le cas aussi pour Aloys, il ne mâche pas les mots : «L’éducation qu’on reçoit nous rend paresseux, nous les garçons ! Je ne voyais pas l’importance d’aider mes soeurs dans les travaux ménagers ». Et pourtant dans les internats, signale-t-il, les garçons et les filles effectuent les mêmes travaux sans aucune discrimination. «Pourquoi ne pas le faire chez moi ? », se demande-t-il.

Quand ma voisine Claudine m’a partagé ce qu’elle a appris dans la formation, reconnaît-il, j’ai participé dans les séances organisées au sein des clubs sur les VSBGs de ma colline et j’ai épousé leurs idées. Aujourd’hui, relate-t-il, avec mes soeurs, on s’entraide dans toute tâche.

Quand mes parents m’ont vu pour la première fois faire de la cuisine, note-t-il, ils étaient surpris et cela est devenu une habitude. « Ils en sont fiers et m’encouragent beaucoup pour le moment».
 
 
 
 
 
 
 
 

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