Le théâtre interactif dans la lutte contre les violences, un moment fort en témoignage

Dans sa lutte continue pour la mobilisation à la paix, les filles médiatrices de l’APFB en collaboration avec les femmes médiatrices de Bujumbura Mairie ont organisé une séance de sensibilisation pour prévenir et lutter contre les VBGs et les stupéfiants à travers le théâtre interactif. Un temps plein d’émotion, de témoignage et d’engagement pour la population.

Les jeunes de l'APFB sensibilisant via le théatre

C’est vers 15h, dans la commune Ntahangwa , quartier Gikungu, plus précisément dans le petit marché de cette localité qu’on entendait des voix des femmes clamer:

  
« Nous , femmes de la mairie   , nous sommes débout pour faire un pas en avant ; nous crions haut et fort : plus jamais, ne recommence plus !  »

 Et des voix s’élevaient pour dire : quoi, que voulez-vous ? Quoi arrêter ?  

 d’autres répondaient : attendez, nous allons vous le montrer !

Dans cette atmosphère de suspens, des jeunes ont surgi, titubant, bouteilles de bière à la main, tabac entre les doigts. C’était la première saynète qui commençait.

Elle était présentée par les filles Bakanguriramahoro de l’APFB (filles médiatrices pour la paix)  qui mimaient     des jeunes consommant la drogue. Il y avait  une du groupe qui n’en prenait pas, et qui  conseillait ses amis d’abandonner ce comportement indigne. Finalement une fille qui consommait la drogue est tombée enceinte, elle a abandonné l’école et ses parents l’ont chassée, elle allait avorter mais grâce à l’amie qui les conseillait, elle a accepté de changer son  comportement et de donner des conseils aux autres. Le groupe a fini par abandonner la drogue, et a dit fort : « Plus jamais cela ; nous arrêtons ce comportement indigne et vous promettons de donner des conseils à nos sœurs et frères encore possédés par cet esprit mauvais ! »

Filles et femmes médiatrices

Sans tarder, un couple a surgi, c’était la seconde saynète ! L’homme avait une femme UMUKANGURIRAMAHORO (femme médiatrice pour la paix) et vivait en harmonie avec elle ! Ils  causaient  sur l’éducation de leurs enfants et sur le programme du lendemain… Dans leur programme, ils prévoyaient aller faire la médiation chez le voisin KIGABA, qui battait toujours sa femme et qui avaient des enfants indisciplinés.

LA FEMME de KIGABA subissait des violences, elle était battue, agressée par les enfants qui n’ avaient pas à manger et qui s’adonnaient les uns aux stupéfiants , les autres à la prostitution . Une des filles a fini par tomber enceinte, et c’est la  famille avec une femme médiatrice qui a intervenu pour calmer la situation et empêcher l’homme de battre sa femme et ses enfants, elle a fait la médiation et le mari ,KIGABA a accepté d’abandonner son comportement de délinquant et de conseiller ses amis .

Une réalité vécue

Ces scènes théâtrales ont ému le public et suscité la réaction du public. Des femmes versaient des larmes et d’autres ont commencé à témoigner…

 « Mon mari ne rentre plus.. Et s’il rentre, il me bat. Je vis ce calvaire tous les jours » témoigne en pleurant, Ndayisaba de Mugoboka.

Une autre femme de GIKUNGU II, à voix haute poursuivra : « Mon mari est en prison à cause de la drogue !! » 

Un temps d’engagement..

La responsable des femmes médiatrices de GIHOSHA a pris la parole en promettant d’accompagner ces femmes tout en rappelant leur rôle dans la communauté : « Nous vous promettons de vous accompagner et de  donner des conseils à vos maris, C’est notre rôle ». Et de poursuivre : « Nous sommes là pour résoudre pacifiquement les conflits sans distinction de sexe et sommes toujours disposées pour aider à trouver des solutions aux problèmes constatés. » La consommation des stupéfiants est fréquente dans cette commune. Beaucoup en consomme et  cause beaucoup de dégâts et conflits au sein des familles. Levons nous pour lutter contre ce fléau. Ajoute-t-elle.

D’autres,  jeunes, adultes et vieux se sont exprimés et se sont engagés à sensibiliser  et à  conseiller  ceux qui , dans leur milieux  consomment les stupéfiants : les bières prohibées, les drogues et les auteurs des violences qu’ils soient hommes ou femmes.

Vue du public

Le vice commissaire de ce petit marché a affirmé que la drogue est un fait réel : « Nous avons commencé à appréhender ceux qui en prennent et quelques-uns sont déjà en prison ». Et d’ajouter « Les consommateurs des drogues ne sont pas seulement des milieux pauvres, ce sont les enfants des colonels, banquiers, …de toute catégorie » Il a aussi attiré l’attention des BAKANGURIRAMAHORO (femmes médiatrices) sur certaines  femmes qui font des violences à leurs conjoints. Il a terminé en remerciant les médiatrices pour cette action louable et leur a demandé de multiplier de tels travaux.

Cette séance a vu aussi la participation du représentant de l’administration qui  a aussi exprimé sa satisfaction envers les organisatrices d’avoir présenté ces réalités en soulignant que les femmes sont toujours indispensables a dans les ménages, dans les familles, et dans la lutte contre ce fléau. "Aucun pays ne peut se développer sans l'implication de la femme", a-t-il souligné.

Rappelons que cette activité est une continuité des projets « MOBILISATION DES JEUNES POUR LA PAIX » de l’APFB ( Association pour la promotion de la fille burundaise) avec filles médiatrices comme actrices , et CONSOLIDATION DE LA PAIX  du RFAPD (Réseau des femmes actrices de paix et de dialogue) avec  femmes médiatrices comme actrices . Ils  couvrent tout le territoire national avec un objectif global de consolidation de la paix par la résolution  pacifique des  conflits des communautés. 

 Les femmes et filles médiatrices travaillent conjointement pour atteindre ce même but.